Les manifestations de mon hyperempathie

S O M M A I R E

10 min de lecture

En plus du test d’Elaine Aron, psychothérapeute et chercheuse américaine, que j’ai effectué et qui s’est révélé plus que concluant, je me sens, je me sais hypersensible (tu peux retrouver ce test en cliquant ici).

Mon hyperempathie, mes sens très développés et l’intensité à laquelle je vis mes émotions ne font aucun doute. 

Comme je l’expliquais dans mon article sur les caractéristiques de l’hypersensibilitéles personnes hypersensibles peuvent être des personnes très empathiques (⚠️ toutes ne le sont pas !). On parle dans ce cas d’hyperempathie

Selon Anne Laudry, psychanalyste, l’hyperempathie est « la capacité surdéveloppée à se mettre à la place de l’autre, de manière consciente ou inconsciente« .

Concrètement, les personnes hyperempathiques absorbent les émotions, les humeurs, les tensions et les énergies de leur entourage et leur environnement. Plus que de partager les émotions des autres, elles les absorbent et les vivent comme si elles étaient les leurs.

Les manifestations de mon hyperempathie

J’ai fait le choix de prendre 6 exemples pour t’illustrer comment cette empathie se manifeste dans mon quotidien :

Le miroir des émotions

J’ai imagé cette hyperempathie afin de comprendre concrètement comment elle se manifestait.

L’image qui m’est venue directement à l’esprit est le miroir.

Je suis le miroir des émotions de ceux qui m’entourent.

Comme si j’arrivais à absorber des émotions qui ne sont, initialement, pas les miennes. C’est simple à expliquer : si la personne est énervée, je suis énervée, si elle est joyeuse, je suis joyeuse, si elle est anxieuse, je suis anxieuse. 

Telle une éponge, je vais aussi adopter le même comportement que la personne en face de moi. Si la personne est distante et très peu expressive, je vais être en retrait alors que si elle est expressive et communicative je vais l’être à mon tour.

Parfois, ou même souvent, j’ai l’impression de ressentir toutes les humeurs, toutes les tensions et émotions qui peuvent se dégager des personnes qui m’entourent surtout si elles sont expressives.

Je suis capable de capter la moindre gêne, le moindre malaise, le moindre énervement. J’ai l’impression de lire à travers les lignes ou plutôt de lire à travers les expressions du visage.

Souvent, je m’adapte à l’état d’esprit dans lequel se trouve la personne en face de moi. Par exemple, si je la vois énervée mais qu’elle ne s’énerve pas contre moi, je vais rester distante et revenir lorsqu’elle sera calmée. À l’inverse, si je la vois très contente, je vais partager sa joie. 

Même si je suis très fière de posséder cette grande empathie, j’ai eu besoin de prendre plus de distance par rapport aux émotions désagréables des personnes qui m’entourent. En effet, elles avaient tendance à m’impacter directement et fortement. Je me tordais alors le cerveau pour chercher des solutions à un problème qui  n’était pas le mien, pour venir en aide à des personnes qui ne voulaient pas être aidées. Je me mettais totalement de côté jusqu’à m’oublier ou m’empêcher de vivre des choses ou des émotions agréables par culpabilité. 

Pour te donner un exemple, à un moment de ma vie, une personne de ma famille était très triste et j’en venais à culpabiliser de sortir, de rigoler, de me sentir bien.

Pourquoi ? Parce que j’avais l’impression de faire quelque chose de mal. J’avais l’impression que je devais être aussi triste qu’elle. Ce sentiment était indépendant de sa volonté mais je ne veux plus de cela. Je ne veux plus m’empêcher de vivre. Du moins, je ne veux plus que cela m’impacte aussi fortement qu’avant. 

Il est normal de continuer à vivre. Il est normal de se protéger de la souffrance des autres pour ne pas souffrir à son tour. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre cela, j’ai ressenti énormément de culpabilité même. Mais aujourd’hui, j’ai compris qu’il fallait que je pense aussi à moi et que je me protège.

Le blocage des émotions

Cette empathie est telle que lorsqu’une personne qui m’est chère exprime ses émotions parce qu’elle est triste, anxieuse ou en colère, je vais bloquer instantanément mes émotions pour pouvoir la réconforter, la rassurer ou la calmer. Je ne m’étais pas rendue compte de cela jusqu’à ce que mon copain me le fasse remarquer à la suite d’une dispute que nous avions eue au début de notre relation.

Je pleurais beaucoup à en être inconsolable et au moment où lui s’est mis à exprimer sa tristesse je me suis calmée et ai arrêté de pleurer pour pouvoir le rassurer.

C’est quelque chose d’assez fou quand j’y pense parce que cela se fait très naturellement, comme si, sur le moment, mes émotions n’avaient plus autant de valeur que ceux de la personne en face. C’est une réaction instinctive que je ne maîtrise absolument pas. 

A ce titre, je serais curieuse de savoir si tu te reconnais dans cette description.

Est-ce qu’il t’arrive, toi aussi, de bloquer naturellement tes émotions pour laisser les émotions de l’autre s’exprimer pleinement ? N’hésite pas à me faire part de ton témoignage en commentaire !

Prendre la place de l'autre

Au lieu de me mettre simplement à la place de la personne pour comprendre la situation dans laquelle elle se trouve, je vais prendre sa place et vivre la situation avec mes propres émotions et ressentis et à travers mes expériences et les séquelles que mon passé a laissé derrière lui

Je n’essaie pas à ce moment d’essayer de comprendre ce que la personne vit ou ressent, je vais plus loin que ça car je me mets à sa place, dans sa peau, dans la situation dans laquelle elle se trouve comme si je la vivais moi-même.

Cela me conduit souvent à sur-interpréter ce que peut vivre la personne parce que moi, dans sa situation, je l’aurais mal pris, j’aurais été gênée ou triste alors qu’il en n’est absolument rien pour elle. 

Avant de commencer ce blog, je n’avais pas conscience de cela, je n’avais pas conscience que je pouvais prendre la place de l’autre. C’est grâce à cette introspection, au travail que j’effectue tous les jours, à l’écriture et à la communication (le fait de discuter de mon empathie, qu’on me fasse remarquer certains de mes comportements) que j’ai pu en prendre véritablement conscience. 

Depuis que j’en suis consciente, j’essaie de prendre de la distance et de rester à ma place sans m’empêcher d’être empathique ou compréhensive. Seulement, j’essaie de ne plus interpréter les situations 

Une intuition très développée

Déjà petite, je disais à ma mère que je ne sentais pas certaines personnes. Plus que la personne en elle-même, c’était tout ce qu’elle dégageait que je ne sentais pas ou n’aimait pas parfois. J’ai notamment eu ce mauvais ressentis à propos d’une femme en particulier, ancienne amie de ma mère, qui s’est avérée être une très mauvaise personne, une grande manipulatrice et une femme sans remord et sans éthique. Je ne m’étais pas trompée ! 

Cependant, à l’époque, rares sont les fois où je me faisais confiance. Je mettais souvent ces ressentis de côté et je m’obstinais à fréquenter des personnes que je ne « sentais » pas, que je trouvais manipulatrices, hypocrites, menteuses, superficielles. L’appartenance à un groupe et l’envie d’être comme tout le monde étaient ma priorité, au détriment de ma réelle identité et de mes ressentis.

Je me suis alors faite avoir beaucoup de fois. Puis, j’ai appris, petit à petit, à faire un peu plus confiance à ce que je percevais et ressentais. Aujourd’hui, il m’arrive, bien évidemment de me tromper, mais j’ai souvent juste à propos de ce que je ressens.

J’adore observer et analyser les personnes pour comprendre qui elles sont. Parfois, je vais comprendre très rapidement qui est la personne qui se trouve en face de moi, parfois cela prend un peu plus de temps. Cela dépend du tempérament. Je suis beaucoup moins à l’aise avec les personnes qui n’expriment pas leurs émotions et qui paraissent « froides » aux premiers contacts.

Globalement, j’arrive rapidement à cerner une personne après avoir observé sa façon de se tenir, de parler, de réagir, de regarder, de répondre.

Je me sers de ces ressentis et intuitions comme repère et j’essaie vraiment de me faire confiance. J’apprends petit à petit à la développer ?

Une oreille attentive

Avant la découverte de mon hypersensibilité, je m’étais déjà rendue compte que j’étais TOUJOURS la personne qui écoutait celle à qui on avait coupé la parole ou celle qui n’arrivait pas à s’imposer dans une conversation.

J’étais toujours la personne à qui on s’accrochait lorsqu’on cherchait désespérément le regard de quelqu’un pour continuer une conversation que plus personne n’écoutait.

A chaque fois que ces situations se produisaient j’intervenais en disant “non mais t’inquiète continue je t’écoute” alors que je suivais de base une autre conversation. J’en arrivais alors à suivre deux conversations en même temps et à y perdre un peu la tête car j’avais peur de froisser la personne que j’écoutais à la base et j’avais peur que la deuxième personne que j’écoutais se rende compte que personne ne l’écoutait. Bref, pas tous les jours facile de vivre avec son hyperempathie ? 

Maintenant que j’ai connaissance de mon hypersensibilité et des manifestations de celle-ci, je prends conscience que le comportement que j’adoptais et que je continue d’adopter n’est que le réflet de mon empathie exacerbée. Je déteste les malaises qui s’installent, je déteste laisser les personnes parler seules et les laisser penser que personne ne les écoute. 

Par ailleurs, on me dit souvent que je suis une personne qui écoute beaucoup (même si je parle aussi beaucoup), qui essaye toujours de comprendre l’autre, qui s’intéresse beaucoup et qui écoute surtout avec attention. J’aime profondément échanger, partager, aider. J’aime par dessus tout accorder de l’importance aux personnes en les écoutant attentivement et en étant toujours là pour elles. 

Même si le fait de suivre deux discussions en même temps peut s’avérer sportif, il n’y a pas que des inconvénients à cette hypersensibilité ! Elle nous dote d’une empathie qui nous rend profondément humains, entiers, attentifs et à l’écoute des autres.

Est-ce que toi aussi tu es toujours la personne qui écoute celle que plus personne n’écoute ? Je serais curieuse de lire d’autres témoignages à ce sujet ! Si j’en reçois beaucoup je les partagerais 🙂

Ressentir les souffrances physiques

Même si cela n’a pas forcément de lien avec l’hyperempathie, puisque j’aborde le sujet des souffrances physiques, j’en profite pour te donner le résultat d’une étude à ce sujet. Il a été démontré, dans l’étude Neural correlates of interindividual differences in the subjective experience of pain menée en 2003 sur l’expérience de la douleur, que les personnes hypersensibles éprouvaient, pour le même stimulus, une douleur plus intense que les personnes moins sensibles

C’est une plus grande activation de deux régions cérébrales liées à la perception de la douleur chez les personnes hypersensibles qui est à l’origine de cette plus grande intensité. 

Ainsi, l’hypersensibilité se caractérise par une plus grande sensibilité à la douleur physique. 

Pour en revenir au sujet, je ne sais pas vraiment si c’est en raison de mon empathie exacerbée que cela se produit mais lorsque qu’une personne présente une égratignure ou une blessure je suis incapable de regarder la plaie, même s’il ne s’agit que d’une simple écorchure. Le simple fait de voir la blessure me fait mal au cœur, me donne des frissons et occasionne une sorte de douleur au niveau de la poitrine comme si je ressentais moi-même la douleur que la blessure a provoqué à la personne. Je me suis d’ailleurs toujours demandée pourquoi la simple vue d’une blessure occasionnée à quelqu’un me faisait cet effet-là. D’autant plus que lorsque c’est moi qui me blesse je n’ai pas du tout le même ressenti. Je vais avoir mal mais je ne vais pas ressentir ce “frisson” dans le corps, ce poids sur la poitrine en voyant ma plaie. 

J’ai essayé de m’informer sur ce ressenti mais je n’ai pas lu de témoignage qui l’évoquait. Alors si jamais tu te reconnais, n’hésite pas à témoigner !

Voilà les quelques exemples qui attestent de cette hyperempathie dans mon quotidien. Je suis consciente qu’il en existe encore des centaines mais j’ai préféré me concentrer sur ces faits qui je trouve sont très parlant et qui je l’espère, te parleront également. 

Même si cette hyperempathie peut présenter certains inconvénients, elle est avant tout une très belle qualité. Je suis fière de la posséder car elle me rend profondément humaine et entière. Surtout elle me permet d’être une amie, une copine, une fille, une sœur sincère, à l’écoute et toujours là lorsque mes proches en ont besoin. Parfois, un seul regard et je comprends ce qu’ils peuvent ressentir et dans quel état d’esprit ils se trouvent.

 Nous avons la chance, en tant qu’hypersensibles, de percevoir des émotions que certaines personnes ne voient pas et d’adopter en conséquence les bons comportements, les bons mots pour rassurer, accompagner les personnes qui nous sont chères.

Toutefois, il est important de se mettre des limites ! Garde à l’esprit cette citation d’Agnès Ledig :

L’empathie c’est de tendre la main à celui qui est dans le trou, ce n’est pas sauter dedans pour l’aider à remonter.

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