L’abus émotionnel : qu’est-ce que c’est ?
L’abus émotionnel désigne à proprement parler les violences psychologiques. En effet, différents termes sont utilisés de manière interchangeable pour désigner la violence psychologique : abus émotionnel, violence morale, violence verbale, agression psychologique…
Dans cet article, je parlerais d’abus émotionnel et/ou de violences psychologiques.
L’abus émotionnel est un comportement psychologique destructeur pour l’estime de soi et/ou pour le sentiment de sécurité d’une personne. Il survient souvent dans les relations où il y a des différences de pouvoir et de contrôle : relation amoureuse, relation amicale, relation de travail, relation parent-enfant, relation professeur-élève…
Lorsque la violence psychologique se produit au sein d’un établissement de soin on l’appelle “violences institutionnelles”. Quand elle se produit au sein d’un couple on parle de “violences conjugales”.
Selon l’Institut national de santé publique du Québec, “l’abus émotionnel est généralement défini comme la commission d’actes tels que la violence verbale, le dénigrement et le recours à la terreur”.
Un document canadien sur les violences psychologiques indique que ces dernières englobent :
- les menaces de sévices ou d’abandon,
- l’humiliation,
- la privation de contact,
- l’isolation
- ou d’autres tactiques et comportements abusifs sur le plan psychologique.
Contrairement à la violence physique qui peut laisser des traces visibles sur le corps, l’abus émotionnel se dissimule à travers des mots et des actes qui, en général, sont répétés, et qui, même s’ils sont invisibles, ne sont pas sans conséquence pour les personnes qui les entendent.
Aujourd’hui, la violence psychologique est reconnue comme une forme distincte de la violence physique.
Les différentes formes d’abus émotionnel
D’après des recherches effectuées dans les années 2000, l’une des motivations derrière l’abus émotionnel est le désir des agresseurs d’exercer un contrôle sur d’autres personnes et de détruire leur sentiment d’estime de soi.
Le document de travail canadien sur les violences psychologique répertorie en 2 catégories les tactiques et les comportements abusifs sur le plan psychologique :
- les tactiques et les comportements de négligence qui se traduisent par le refus de laisser la victime avoir une interaction humaine normale ou le refus de valider ses sentiments. Quelques exemples :
- Rester indifférent face aux sentiments que la personne ressent -> les invalider
- Agir comme si la personne n’était pas présente
- Dire à la personne que tout est dans sa tête et que personne ne la croira
- Minimiser les sentiments de la personne / la laisser croire que personne d’autre ne serait bouleversé par le même traitement
- Refuser de reconnaître la présence ou la valeur d’une personne / lui dire qu’elle est inutile/inférieure
- Discréditer la personne / la dévaloriser
- les tactiques et les comportements délibérés qui sont des formes de contrôle plus agressives. Quelques exemples :
- Blâmer injustement une personne pour tout ce qui va mal / lui dire qu’elle est la cause de la violence
- Vérifier les activités de la personne / la contrôler jalousement
- Critiquer les comportements de la personne / la ridiculiser
- Insulter, injurier, imiter ou infantiliser la personne
- L’harceler
- Provoquer un sentiment de terreur ou de peur extrême chez la personne
- L’isoler
- Faire du chantage
Pour que cela soit plus concret, voici quelques exemples de phrases qui dissimulent de la violence psychologique :
- “Tu es incapable”, “tu ne sais rien faire”, “tu es bon(ne) à rien” = dénigrer/dévaloriser
- “Tu racontes n’importe quoi”, “tu ne sais même pas de quoi tu parles” = discréditer
- “Tu es moche”, “tu es gros(se)”, “tu ne ressembles à rien” = insulter/humilier
- “Tout est de ta faute”, “c’est de ta faute si je suis comme ça, tu me pousses à bout” = accuser/reprocher
- “Si tu me quittes je vais me suicider” = chantage
Cela peut également se traduire par du silence ou de l’ignorance durant plusieurs jours.
Les conséquences de l’abus émotionnel
Les effets de l’abus émotionnel peuvent être destructeurs et de longue durée. Les impacts peuvent être nombreux et très graves :
- problème d’adaptation
- problèmes psychologiques
- stress post-traumatique
- très faible estime de soi
- troubles relationnels
- Addiction
- Troubles alimentaires
- Isolement / repli sur soi
- profond sentiment de culpabilité
- besoin d’être rassuré(e) fréquemment
- peur du conflit
- dépression
- pensées suicidaires et/ou tentative de suicide…
Des recherches montrent également que les enfants qui ont vu ou entendu des violences psychologiques envers un parent peuvent souffrir de conséquences négatives liées à l’exposition indirecte à ces violences.
Si le sujet t’intéresse, je t’invite vraiment à prendre connaissance du document sur lequel je me suis appuyée pour rédiger cet article en cliquant ici.
Comment faire si je suis victime d’abus émotionnel ?
J’ai retranscris ici les étapes recommandées par le gouvernement canadien lorsqu’une personne est victime de violences psychologiques :
- Identifier les violences psychologiques
La première étape est de pouvoir identifier ces abus émotionnels afin d’en prendre conscience. En effet, les personnes qui subissent ces violences psychologiques n’ont pas toujours conscience qu’elles sont victimes de ces violences tellement celles-ci font, malheureusement, partie de leur “norme” et de leur quotidien.
Pour cela, il est possible de se poser plusieurs questions :
- Est-ce que tu te sens dénigré(e) ? Si oui, par qui ? De quelle façon te porte-t-on atteinte ?
- Quels sont les mots que tu entends ? Quels sont les actes auxquels tu es soumis ?
- À quelle fréquence ces violences psychologiques ont-elles lieu ?
- En parler
Si tu penses être victime de violences psychologiques, parles-en à une personne en qui tu as confiance. Il peut s’agir d’un(e) ami(e), d’un professionnel de santé, d’un membre de ta famille, d’un collègue, d’un supérieur hiérarchique…
- Agir
Si tu subis des violences psychologiques, consulte une association spécialisée dans ces violences / un conseiller juridique / un avocat qui t’aidera à régler cette situation.
Voici quelques numéros qui pourront t’être utiles :
- En cas de violences conjugales :
- Le 3919 est le numéro national de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences conjugales
- Le site internet “arrêtons les violences” te donne également de nombreuses informations sur les différents types de violence et répertorie les associations vers lesquelles te tourner.
- Si tu es témoin de maltraitance à l’enfant :
- Le 119 est le Service National d’Accueil Téléphonique pour l’Enfance en Danger
- Le site internet “Action Enfance” te donne de nombreuses informations sur les maltraitances faites aux enfants et sur les démarches à suivre si tu es témoin de ces violences.
- Se reconstruire
Il est important de prendre le temps de se construire après avoir subi des violences, qu’elles soient physiques ou psychologiques.
Pour cela, tu peux te tourner vers des psychologues expérimentés pour démarrer une thérapie. Ce qui est surtout important c’est de trouver un(e) psychologue avec lequel/laquelle tu te sentiras bien et en confiance ! Cela peut impliquer d’en changer plusieurs fois mais ne baisse pas les bras, tu finiras par trouver quelqu’un qui te correspond pleinement !
J’espère que cet article t’aura éclairé sur ce qu’est l’abus émotionnel et t’aura aidé si tu en es victime.
Sensiblement
Bibliographie :
- https://french.respectgroupinc.com/respect-hub/comment-reconnaitre-labus-emotionnel/#:~:text=Qu%27est%2Dce%20que%20l,de%20soi%20d%27une%20personne
- https://www.inspq.qc.ca/jasp/abus-emotionnel-des-enfants-au-niveau-national
- https://www.actionenfance.org/maltraitance-infantile-violences-psychologiques-et-morales/
- https://cliniquepsychologiequebec.com/identifier-combattre-violence-psychologique/