Le syndrome du caméléon : qu’est-ce que c’est ?

S O M M A I R E

5 min de lecture

Le syndrome du caméléon

Le syndrome du caméléon tire son nom du reptile qui, pour se protéger, va changer de couleur en fonction de son environnement. 

C’est un peu le même principe pour les personnes qui souffrent de ce syndrome sauf qu’elles ne changent pas de couleur ! Elles vont plutôt s’adapter aux personnes qui les entourent en modifiant leur comportement, leur vocabulaire, leur gestuelle, leurs émotions, leur identité. 

En effet, le syndrome du caméléon désigne le fait de s’adapter à son interlocuteur en l’imitant, consciemment ou inconsciemment, afin de s’intégrer plus facilement. Selon Ondine Khayat, psychopraticienne, “cela concerne ceux et celles qui se calquent tellement sur les autres qu’ils finissent par ne plus savoir ce qu’ils aiment et veulent vraiment”.

Ces personnes sont dans la sur-adaptation et sont prêtes à tout sacrifier pour plaire à leur entourage afin d’être aimées. Elles vont constamment osciller entre leur vraie identité (privée) et leur fausse identité (publique) jusqu’à parfois oublier qui elles sont vraiment.

Même si ce syndrome peut toucher tout le monde, c’est principalement les personnes hypersensibles, hyperempathiques, victimes d’agression ou encore atteintes d’autisme qui en souffrent. 

Je ne suis pas du tout étonnée que les hypersensibles fassent partie des personnes qui souffrent le plus du syndrome du caméléon… Ce sont des personnes à qui on a reproché une grande partie de leur vie leur sensibilité et donc l’essence même de qui elles sont… Ces personnes ont également pu être comparées au sein de leur fratrie accentuant leur sensation d’être différentes de celles et ceux qui les entourent… Pour noyer ce sentiment de décalage, elles finissent alors par se sur-adapter à ce qu’elles pensent que l’on attend d’elles…

Personnellement, c’est exactement ce qui m’est arrivé… Comme c’est le cas pour de nombreuses personnes hypersensibles, on m’a reproché à de multiples reprises d’être qui je suis : « t’es trop sensible », « tu te prends trop la tête », « tu dois avoir un problème », « ce n’est pas possible d’être comme ça », « je plains tes futurs enfants », « tu es malaimable » (ce terme est d’une atrocité sans nom je trouve… « mal » « aimable », c’est si violent…), « tu as un caractère de cochon » et j’en passe des vertes et des pas mûres… J’ai aussi beaucoup été comparée à mon frère qui, lui, n’est pas hypersensible et qui a été considéré comme beaucoup plus facile à vivre. Je recevais ce genre de remarque : « au moins on peut lui dire quelque chose à ton frère », « ton frère n’est pas comme ça », « ton frère ne dit rien lui » etc…

Je ne pense pas que ces remarques soient la seule cause au syndrome du caméléon que j’ai adopté par la suite mais elles ont dû sûrement y participer.

Pour tenter d’être « normale », j’ai commencé à m’adapter aux autres jusqu’à me suradapter complètement. Je voulais me changer, être différente, être comme les autres car je me considérais toujours plus nulle, plus bête, plus moche que tout le monde… J’ai développé un énorme complexe d’infériorité.

Il suffisait que je boive un peu en soirée pour que le naturel revienne au galop. Qu’est-ce que je m’en voulais le lendemain de m’être dévoilée, de m’être montrée telle que je suis… Je me disais à chaque lendemain de soirée : « la prochaine fois, tu ne parleras pas autant, tu ne rigoleras pas autant et tu arrêteras de prendre de la place ». Je trouvais que je faisais pitié et je faisais que de repenser à ce que j’avais dit et à ce que j’avais fait et à comment les autres pouvaient me considérer et me percevoir. Je ressentais énormément de honte et de culpabilité. Je pouvais passer mes journées à m’excuser auprès des autres de m’être comportée ainsi, d’avoir été simplement moi-même…

Je me suis tellement suradaptée qu’à force je ne savais plus qui j’étais ni ce que j’aimais. J’avais l’impression d’être une coquille vide qui pense, aime, fais selon ce que les autres pensent, aiment et font…

À 25 ans le constat était sans appel : je me qualifiais qu’à travers des mots péjoratifs. Je disais de moi que j’étais “méchante”, “bête”, “malaimable” (comme on me le répétait quotidiennement), que “j’avais un sale caractère”. Je n’avais aucune envie, aucune passion, aucun enthousiaste. Je me sentais vide et malheureuse et j’avais l’impression qu’il me manquait une partie de moi…

En effet, il me manquait une partie de moi à laquelle je me suis totalement reconnectée en apprenant à me connaître, à m’accepter et à m’aimer ❤️

Aujourd’hui je n’entends plus cette phrase que j’ai entendu une très grande partie de ma vie : « oh mais je ne pensais pas que tu étais comme ça, tu as l’air tellement différente quand on ne te connait pas ».

Les caractéristiques du syndrome du caméléon

  • adapter son comportement, ses mots, sa personnalité à la personne qui se trouve en face de nous
  • chercher constamment l’approbation et la validation des autres
  • faire passer les besoins et les envies des autres jusqu’à en oublier ses propres besoins et envies
  • chercher à tout prix à plaire aux autres quitte à réprimer son identité et ses émotions
  • avoir des difficultés à dire non, à poser et imposer ses limites par peur d’être rejeté(e)
  • se sur-adapter aux autres, en faire trop vis-à-vis des autres
  • masques ses différences pour se conformer à la “norme”, essayer de « rentrer dans le moule »
  • se comparer en permanence aux autres
  • C’est souvent la peur d’être rejeté(e), harcelé(e), abandonné(e) qui est à l’origine de ce syndrome. 

Les conséquences du syndrome du caméléon

Certes, le syndrome du caméléon demande de requérir d’excellentes compétences en observation et en analyse ! 

Cependant, il entraine également des conséquences qui peuvent être désastreuses : 

  • l’épuisement psychique et physique 
  • le fait de s’oublier totalement 
  • la dépression 

Comment se défaire du syndrome du caméléon ?

  • En prendre conscience est un grand pas : je dis toujours qu’en prendre conscience est le début du changement ! Si tu t’es reconnu(e) dans ces caractéristiques, observe-toi lorsque tu es avec d’autres personnes ! Quel comportement adoptes-tu ? Te forces-tu à dire oui ? Réprimes-tu tes émotions ? Prends note de toutes ces observations ! 
  • Mener une introspection : pour cela je te conseille vraiment l’écriture introspective ! Dis moi en commentaire si tu souhaites un article à ce sujet !
  • Consulter un professionnel tel qu’un psychologue/thérapeute pour mener une thérapie et comprendre les sources de ce syndrome. 
  •  

Et toi, dans combien de caractéristiques t’es-tu reconnu(e) ? Dis le moi en commentaire 

Les articles et vidéos sur lesquels je me suis appuyée pour rédiger cet article :

13 Responses

  1. Waouh , ça me parle énormément ! J’ai tellement peur de toujours décevoir mes parents et j’ai l’impression que tous mes choix ont été fait en fonction d’eux et/où mon entourage.
    Aujourd’hui j’ai 25 ans j’ai l’impression de ne pas me connaître je suis complètement perdue … qu’est ce que j’ai aimé étant enfant ? Encore une fois ce que j’aimais est toujours relié à mon frère
    Je suis hypersensible enfin .. je crois .. à quel degré car pour moi c’est déjà un grand mot et être ce caméléon c’est moi aujourd’hui … personne l’envie et je meurs de jalousie pour ces filles indépendantes … là seule chose que je suis fière c’est mon petit garçon. J’ai été voir un médium, fais du la ho chi .. j’ai envie d’être accompagné car toute seule j’ai l’impression de sombrer et jamais m’en sortir ..

    1. Je comprends ce que tu dis car je me suis aussi très longtemps adaptée aux autres…

      Le fait d’en prendre conscience est déjà un grand pas. Tout ce que tu envies chez les autres est quelque chose que tu as en toi ou en tout cas que tu veux, cela te donne de belles indications pour prendre ton propre envol et être pleinement toi-même.

      Je te souhaite beaucoup de courage en tout cas ❤️

  2. Jusqu’à mes 25 ans je m’adaptais sans cesse… jusqu’au jour où j’ai complètement changé car au final je ne supportais plus personne !

    Mon état de dépression à durée de mes 13 ans à mes 33 ans… j’ai toujours été un p*** de caméléon sans défenses !

    J’ai à présent 37 ans et cela fait 2 ans que je n’ai plus de dépression chronique…

    1. S’adapter aux autres jusqu’à s’oublier peut entrainer des conséquences désastreuses…

      Tant mieux si tu n’as plus de dépression aujourd’hui, en espérant que mes articles t’aideront à être pleinement toi-même ❤️

  3. Hello!
    Merci beaucoup pour cet article, dans lequel je me reconnais!

    Je suis intéressée par l’article sur l’écriture introspective ?

  4. Eh bien c’est tout à fait moi ça
    Ce syndrome me correspond complètement c’est fou de lire ça
    Je vais commencer à travailler là dessus dès que possible merci pour ce blog que je viens de découvrir

  5. Eh bien c’est tout à fait moi ça
    Ce syndrome me correspond complètement c’est fou de lire ça
    Je vais commencer à travailler là dessus dès que possible merci pour ce blog que je viens de découvrir

  6. Depuis mon enfance je savais que j’étais différent.
    Malgré tout j’ai compris très vite qu’il fallait que je me fonde dans la masse pour paraitre « normal ». Aujourd’hui j’ai 38 ans, le diagnostic TSA est posé, syndrome du caméléon y compris.
    Je ne fais plus semblant, que ce soit dans vie personnelle et professionnelle, certains le comprennent (ma femme, mes enfants), mais dans la grande majorité c’est compliqué.
    Pour autant, je vis bien mieux maintenant qu’avant. Tant pis si je passe pour un mec hautain et insupportable. Ca m’a permis de régler pas mal de problème, de faire tomber (en partie) cette carapace en béton armé forgé pendant ces longues années.

  7. Et bien voilà, c’est ça ! A l’approche de la quarantaine, j’ai l’impression de faire ma crise ! Mais non en fait. Je me suis oubliée tout se temps. J’ai vécue comme en dehors de moi même…
    Maintenant il y a du boulot !
    Merci pour cet article qui m’aide à y voir plus clair.

  8. Bonjour, je me reconnais dans les commentaires et la description, (en plus du syndrome de l’imposteur). J’étais une bonne élève, une fille gentille, avec des exigences élevées. Je pense que je voulais avant tout faire plaisir à mes parents, pour qui l’éducation et les études sont primordiales. Née dans une famille modeste avec un père ouvrier, ils ont fait beaucoup de sacrifice pour nous offrir à mon frère et moi ces études. Je suis devenue infirmière, pour leur faire plaisir, et dans un contexte de chômage, pour eux c’est une belle réussite .
    J’ai subit du harcèlement au collège, et je crois que ma confiance en moi en a pris un sacré coup. Je suis devenue un caméléon, pour me conformer aux autres, à ce qu’on attend de moi. Et je ne sais plus qui je suis.
    Mes émotions me submergent souvent, je suis une éponge, et je suis très sensible à mon environnement. C’est difficile d’être épanouie au travail, et surtout actuellement.

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J’ai écrit un livre !

« Un livre refuge pour tous les hypersensibles qui se sentent seuls et incompris et la preuve que leur sensibilité, loin d’être une faiblesse, peut devenir leur immense force »​