Mon hyperémotivité, mes tempêtes émotionnelles

S O M M A I R E

11 min de lecture

L’hyperémotivité, les tempêtes émotionnelles

Ce que j’appelle les “tempêtes émotionnelles” c’est l’intensité avec laquelle je vis mes émotions, l’intensité avec laquelle les personnes hypersensibles vivent leurs émotions. C’est ce sentiment d’être parfois envahi(e), submergé(e), transpercé(e) par ces émotions. On parle également d’hyperémotivité. Si le sujet t’intéresse et que tu as envie d’en savoir plus je t’invite à lire mon article dédié à ce sujet en cliquant ici !

C’est en découvrant mon hypersensibilité que j’ai pu comprendre ce qu’il se passe vraiment à l’intérieur de moi. En y réfléchissant, c’est vrai qu’il m’arrive très régulièrement de me sentir submergée d’émotions, même pour des situations ou des choses qui pourraient paraître “banales” pour certains : croiser un couple de personnes âgées main dans la main, écouter une musique, repenser à un souvenir, m’imaginer à mon mariage entourée des personnes que j’aime. Bref, autant de moments qui me submergent, peu importe où je suis : dans la rue, dans le métro, au travail, à une fête, partout. Souvent, cette émotion s’empare aussi de mon corps. Dans ce cas, bienvenue aux mains moites, aux palpitations, à la transpiration, à la voix qui tremble et aux frissons ! 

Avant de découvrir mon hypersensibilité, je n’avais pas conscience de ressentir tout si fortement, si puissamment, voire même si violemment. C’est grâce à cette découverte que j’ai pu mettre des mots sur cette intensité, que j’ai pu comprendre pourquoi je pouvais, dans une même journée, passer du rire aux larmes, de la joie à la tristesse, de l’apaisement à la colère. Une véritable tempête émotionnelle ! Pas tous les jours facile à gérer. 

C’est aussi en partie pour cela que je ressentais ce décalage avec les autres, que je me sentais différente. Naïvement, je pensais que tout le monde vivait des émotions aussi intenses que moi ou presque. Je ne comprenais pas pourquoi certaines personnes pouvaient rester insensibles face à des choses qui, moi, me déchiraient le coeur, me mettaient en colère ou me rendaient folle de joie. 

Le fait d’en avoir pris conscience m’a, tout d’abord, permis de déculpabiliser. Je n’ai pas de problèmes psychiatriques, je ne suis pas bizarre. J’ai juste par moment des émotions un peu (trop) envahissantes, mais est-ce vraiment grave ? Absolument pas ! Désormais, j’ai les clés pour apprendre à mieux vivre avec ma sensibilité !

J’ai alors voulu en savoir plus sur moi, sur mes émotions, sur les situations et évènements qui peuvent les déclencher. C’est ainsi que le travail sur mes tempêtes émotionnelles a commencé. J’ai fait le choix de t’énumérer 3 situations qui m’ont marqué tant l’émotion fut forte. 

Accueillir et comprendre ses émotions, ses tempêtes émotionnelles

J’ai essayé de comprendre mes émotions, de les reconnaître et de les analyser. C’est vrai que j’ai tendance à les “amplifier”. Disons que je comprends pourquoi certaines personnes me disent que mes émotions sont parfois exagérées. Mais je t’assure que sur le moment je n’exagère absolument pas, je les vis autant que je peux les exprimer ! 

Lorsque j’étais en recherche d’emploi, je n’étais pas simplement contente d’avoir trouvé un travail, j’étais heureuse, fière, enthousiaste. Je n’étais pas triste de ne pas avoir réussi mon entretien d’embauche, j’étais dégoutée, en colère d’avoir échoué puissance 1000.

Je ne suis pas simplement ravie d’avoir participé à un événement ou à une soirée particulière, je suis reconnaissante et très heureuse. Je glisse actuellement un sourire à la suite de cette phrase car je me rends compte que j’ai, quand même, souvent tendance à m’emballer et à exprimer une émotion “démesurée” face à une situation qui n’en demandait pas tant.

D’ailleurs, on me fait souvent la remarque lorsque je réponds à des messages, que je ne suis pas “mesurée” dans ce que j’exprime. Je ne vais pas simplement écrire “c’est gentil merci” ou “c’est cool”. Non ! Je vais plutôt écrire “oh merci beaucoup, c’est trop gentil !! ça me fait trop plaisir !!” ou “Oh mais trop cool !! Trop contente pour toi !”. Le superlatif est ma passion ! 

Le problème qui se pose c’est que lorsque la personne en face de moi ne réagit pas comme moi je pourrais le faire, j’ai l’impression qu’elle n’est pas contente ou qu’elle est énervée. Je vais parfois même prendre sa réaction contre moi alors qu’en fait, cette personne est juste moins expressive, moins démonstrative, peut-être qu’elle ressent aussi moins les émotions et il n’y a pas de mal à cela. Il suffit d’en prendre conscience. Connaître son hypersensibilité est nécessaire pour parvenir à ce recul et cette prise de conscience.

Abordons maintenant les situations dont je t’ai parlé tout à l’heure. 2 situations concernent une émotion agréable intense. La 3e fait référence à une émotion désagréable très puissante. ⚠️ Je ne dis pas que je vis des émotions aussi intenses à chaque événement qui se produit dans ma vie. Ce sont surtout des évènements particuliers qui amènent à des émotions particulièrement intenses. Dans le quotidien, je vis mes émotions plus « mesurément » par rapport aux exemples que je vais te donner. Même si ce que je considère plus mesuré pour moi ne l’est pas pour d’autres ?. Disons que je ne vis pas d’émotions neutres, elles ont toujours une touche d’intensité : un enthousiasme débordant, une colère infondée, un stress injustifié, une déprime sans réelle cause. 

J’ai souvent l’impression d’être une petite fille qui s’extasie devant tout, qui saute de joie aux bonnes nouvelles, qui est en colère contre les mauvaises. Comme si je n’avais pas de filtre entre ce que je ressens et ce que j’exprime. 

Je tiens également à préciser que les exemples dont je vais te parler sont des situations très personnelles. L’idée n’est pas que tu t’identifies personnellement à ces évènements mais plutôt que tu réfléchisses aux évènements qui peuvent occasionner ce genre d’émotions chez toi. Si pour moi le fait de fêter mon anniversaire entourée de mes amis m’occasionne de fortes émotions, ce ne sera peut-être pas le cas pour toi. Pour toi, il s’agira peut-être d’un moment en famille, d’une surprise, d’une situation qui ravive en toi des souvenirs ou que sais-je encore. Ce n’est pas l’évènement en lui-même qui est important. L’important c’est de comprendre tes émotions pour mieux les accepter.

La naissance de mon petit cousin – une tempête émotionnelle bouleversante

Je pense sincèrement que notre sensibilité est liée à des causes/événements qui nous parlent, qui nous ressemblent ou encore qui font écho à notre passé. 

Pour ma part, j’ai, notamment, une très grande sensibilité pour les évènements de la vie : naissance, mariage, surprise, anniversaire etc. Je ne sais pas pourquoi mais j’adore ces moments de vie qui me procurent beaucoup de bonheur et de joie. Je suis toujours trop heureuse pour les personnes, comme si je vivais l’événement à leur place. Je t’assure, je pense qu’il m’arrive souvent d’être plus heureuse que la mariée, la nouvelle maman ou la personne à qui on vient d’organiser une surprise ! C’est aussi peut-être en partie due à mon hyperempathie.

Pour te raconter brièvement cette anecdote qui m’a marquée tellement l’émotion fut intense, ma cousine avec qui j’ai passé une très grande partie de mon enfance m’a annoncé, en mai 2020, la naissance de son petit garçon. J’étais tellement heureuse, je ne faisais que la féliciter, lui dire à quel point j’étais heureuse pour elle et j’avais presque l’impression d’être plus heureuse qu’elle (je n’imagine pas où le jour où je donnerais naissance à mon tour). 

J’étais dans une tempête émotionnelle de bonheur et d’enthousiasme. Je ne comprenais pas trop ce qu’il se passait en moi, je n’avais pas l’habitude d’une telle émotion qui, aussi positive soit-elle, me bouleversait vraiment. Mon frère venait dormir chez moi le soir même et j’étais assez distante, je n’arrivais pas à être émotionnellement présente, j’étais en retrait. Le lendemain, mon copain m’a demandé ce qui n’allait pas et là, j’ai fondu en larmes. J’étais trop heureuse que ma cousine devienne maman mais je ne comprenais pas pourquoi cela me bouleversait autant. 

J’ai alors essayé de comprendre pourquoi cet événement m’avait procuré autant d’émotions. 

Grâce à l’écriture, j’ai compris. J’ai tout d’abord compris que si cette émotion fut si intense c’était en raison de mon hypersensibilité qui l’avait “amplifiée” mais aussi parce que j’avais vécu des moments privilégiés avec ma cousine. Nous avons passé énormément de temps ensemble, à jouer, parler, rire et le fait de savoir qu’elle était maman m’avait émue au plus profond de moi. Une page de mon enfance se tournait ce qui me rappelait aussi à quel point le temps passe vite.

Mes 26 ans – une tempête émotionnelle surprenante

Lorsque j’ai fêté mes 26 ans, c’était seulement la deuxième fois de ma vie que j’organisais une soirée pour mon anniversaire. 

Avant, je n’osais pas l’organiser par peur de constater que je n’avais pas d’ami, par peur de me retrouver seule. Je préférais donc m’interdire de le fêter plutôt que m’apercevoir que je n’étais pas aimée. 

Lors de cette soirée, tous mes amis sont venus et j’ai passé un super moment ! Ravie d’avoir fait rencontrer mes groupes de copines, ravie d’avoir réuni les personnes qui sont importantes pour moi, ravie d’avoir fêté enfin mon anniversaire.

J’étais tellement heureuse de cette soirée, j’étais vraiment sur un petit nuage. Le lendemain au réveil j’avais les larmes aux yeux parce que j’étais reconnaissante de ce moment et du bonheur qu’il m’avait procuré. 

Cet exemple est parfait pour illustrer à quel point, certains événements “banals” peuvent avoir une grande importance pour une personne hypersensible. C’est en cela que le décalage peut parfois être brutal car nos émotions peuvent paraître démesurées aux yeux des autres. 

Toutefois, si nous sommes conscients de vivre des émotions intenses pour des événements “banals” et que nous les acceptons, peu importe le regard des autres, celui-ci n’aura aucune incidence sur nous. Personne n’a le droit de reprocher à quelqu’un d’être trop heureux, trop épanouie, trop ému. C’est toujours plus facile à dire qu’à faire mais je pense sincèrement que si nous acceptons nous-mêmes ces débordements d’émotions, il n’y a pas de raison que les autres ne les acceptent pas non plus. Puis s’ils ne les acceptent pas, tchao !

Le décès d’un proche – une tempête émotionnelle déchirante

Il y a deux ans, ma tante m’apprenait le cancer de son conjoint (qui n’était pas mon oncle) que j’appréciais beaucoup malgré le fait que nous nous voyions très peu (1 à 2 fois par an). Elle m’annonce alors que celui-ci se trouve à l’hôpital et qu’il ne lui reste que quelques jours à vivre. 

J’étais bouleversée, triste, profondément touchée par la nouvelle tant je me mettais à la place de ses proches. À la place de ma tante, qui devait dire au revoir à l’homme avec qui elle partageait sa vie depuis tant d’années. À la place de ses enfants, qui devaient dire au revoir à leur père. À sa place à lui, savoir désormais que les moments de vie étaient comptés. J’imaginais à quel point ce qu’il vivait devait être difficile et à quel point ce moment devait être terrifiant. 

Ce fut un moment terrible, je n’arrivais pas à contrôler ma tristesse. A cette tristesse s’est ajoutée la culpabilité, le sentiment de ne pas avoir le droit d’exprimer autant de “souffrance”. Je me sentais totalement illégitime à vivre mes émotions parce qu’elles me paraissaient, encore une fois, démesurées. Ce sentiment s’accentuait lorsque je remarquais que les personnes qui le côtoyaient autant voire plus que moi ne ressentaient ou n’exprimaient pas ce que moi j’exprimais. 

Une tempête émotionnelle m’envahissait et je ne savais pas comment me calmer et m’apaiser dès lors que je ne me sentais pas légitime à vivre cela. C’était assez compliqué quand j’y repense, surtout qu’à cette époque je ne connaissais pas mon hypersensibilité. Je n’étais pas en mesure d’accueillir cette peine comme je serais capable de le faire aujourd’hui. 

C’est en cela aussi qu’il est important de mettre des mots sur son hypersensibilité pour apprendre à vivre avec et à accepter toutes les émotions qui nous submergent, qu’elles soient agréables ou désagréables. Se connaître et s’accepter c’est s’offrir la possibilité de vivre pleinement, de vivre intensément, de vivre sans culpabilité


Ces exemples démontrent bien à quel point les émotions peuvent guider notre vie, à quel point elles peuvent nous submerger. Je sais à quel point elles peuvent parfois être douloureuses, surtout lorsque l’on est face à un évènement traumatisant, bouleversant ou très difficile à accepter. Je vis actuellement des événements très douloureux et la souffrance est réelle, intense, destructrice. J’ai l’impression d’être transpercée, poignardée en plein coeur à chaque nouvelle. J’ai l’impression de porter un poids immense sur ma poitrine et mes épaules. Je m’inquiète en permanence, je suis en hypervigilance constante. J’ai toujours eu peur de vivre ce que je vis en ce moment et je comprends pourquoi j’avais peur parce que la douleur est immense. Cependant, l’esprit et le corps ont une capacité d’adaptation incroyable et je suis fascinée par la capacité que les humains ont à surmonter des épreuves difficiles.

Alors oui, c’est très désagréable, très épuisant de vivre ce genre de tempêtes émotionnelles. Toutefois, la contrepartie à ce chaos est la possibilité de vivre des émotions agréables, telles que la joie, la fierté, le bonheur, l’amour très intensément. Et ça c’est merveilleux ! Lorsque nous sommes heureux, nous le sommes vraiment, et surtout, nous sommes communicatifs et nous pouvons transmettre cette positivité aux personnes qui nous entourent !

Et toi, t’es tu reconnu(e) dans ces exemples ? Vis-tu aussi tes émotions intensément ? Les trouves-tu démesurées parfois ? Partage ton témoignage en commentaire ou par message !

Si tu as envie d’avoir des conseils pour apprendre à accueillir tes émotions, à les identifier et les comprendre, je t’invite à lire mon article Transforme ton hyperempathie en superempathie !

Exprimer ses émotions n’implique pas de les contrôler mais de les accueillir en tenant compte du message qu’elles véhiculent.

Serge Desjardins

Sensiblement

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